
Dans toute organisation, la relation entre la Direction générale (DG) et le Conseil d’administration (CA) est un pivot de gouvernance. Trop souvent, elle est perçue comme une simple mécanique hiérarchique. En réalité, elle relève davantage de l’art : un équilibre fragile entre proximité et distance, confiance et vigilance, vision stratégique et gestion opérationnelle.
Le CA porte la vision et supervise ; la DG exécute et met en mouvement l’organisation. Cela paraît simple… jusqu’au jour où le Conseil s’improvise gestionnaire ou la Direction se rêve stratège solitaire. Fixer des règles de délégation précises est nécessaire, mais insuffisant. La clé réside dans l’acceptation mutuelle des frontières, et dans la discipline à ne pas les franchir au gré des tensions ou des urgences.
Réflexion : Dans votre organisation, les frontières entre supervision et gestion sont-elles réellement respectées, ou brouillées ?
Une confiance aveugle est dangereuse, une suspicion permanente est stérile. La relation DG–CA doit cultiver une confiance lucide, fondée sur la transparence, la régularité des échanges et l’honnêteté intellectuelle. Trop souvent, la DG filtre les informations sensibles ou le Conseil alourdit la gouvernance par un reporting excessif. La confiance, ici, n’est pas un sentiment : c’est une méthode.
Réflexion : DG et CA disposent-ils de temps d’échanges francs, hors des séances officielles, pour aborder les sujets difficiles ?
Un tandem n’est pas une fusion. Si la DG et le président du CA deviennent des « meilleurs amis », la capacité de critique mutuelle disparaît. À l’inverse, si la relation est minée par la méfiance, c’est toute l’organisation qui vacille. La bonne gouvernance exige une proximité respectueuse et une distance critique. Le désaccord argumenté doit être perçu comme une richesse, non comme une menace.
Réflexion : Votre culture de gouvernance encourage-t-elle le débat contradictoire, ou valorise-t-elle le consensus silencieux ?
L’évaluation du directeur général est désormais un standard. Mais qu’en est-il du Conseil lui-même ? Trop de CA s’exonèrent d’un regard critique sur leur propre fonctionnement. Une saine gouvernance implique cette réciprocité : le CA évalue la DG, mais accepte aussi d’évaluer sa contribution stratégique, son efficacité collective et sa valeur ajoutée réelle.
Réflexion : Votre Conseil se soumet-il à une auto évaluation ?
Sans un alignement clair sur la mission, la vision et les valeurs, DG et CA parlent deux langages différents. Ce désalignement se traduit par des messages contradictoires aux équipes et aux parties prenantes. Le rôle du tandem DG–CA est précisément de garantir une unité de discours et de cap. La cohérence est ici une question de crédibilité.
Réflexion : DG et CA donnent-ils, à l’extérieur comme à l’intérieur, l’image d’un cap partagé et assumé ?
En conclusion, la relation entre Conseil d’administration et Direction générale n’est pas un simple rapport fonctionnel. C’est un espace de gouvernance dynamique, traversé de tensions créatrices si elles sont bien gérées. Les cinq règles d’or ne sont pas des dogmes, mais des repères pratiques pour maintenir l’équilibre : clarifier, faire confiance, garder une juste distance, accepter l’évaluation réciproque et marcher avec une même boussole.

C’est dans cet équilibre que se joue la résilience des organisations et la crédibilité de leurs dirigeants. Chez DLC Stratégie et Conseil, nous en faisons chaque jour l’un des leviers clés d’accompagnement des organisations.
Leila Diana KAMAN, Directrice Générale DLC Stratégie & Conseil